
N’admirez jamais ?
Il y a peu,
ma collaboratrice et amie Marie-Laure (marielaure.sinimale@gmail.com) m’a envoyé un podcast de Francis Hallé, que je ne connaissais pas.
Ce botaniste spécialiste des forêts tropicales retraçait son parcours. Alors qu’il expliquait la fascinante complexité des arbres et des plantes, il s’est souvenu d’une chose : lorsqu’il était encore étudiant, la consigne de ses professeurs était « n’admirez jamais ! ».
Cela m’a paru révélateur de notre épistémologie folle et à vrai infiniment triste.
Je suppose que l’idée de ces distingués professeurs était de protéger leurs étudiants de toute déviance envers le dogme de l’objectivité, sur l’autel duquel il convient de sacrifier les émotions, surtout celles que l’on éprouve devant la beauté.
Est-ce vraiment sur de telles bases qu’il nous faut découvrir le monde ? N’est-ce pas précisément à force d’objectivité que nous avons objectisé le vivant ?
Quel contraste avec la pensée de Bateson, qui dans son plaidoyer pour une épistémologie moniste, invitait les scientifiques à se laisser captiver par « l’infinie beauté des régulations naturelles ».
Cet homme cherchait à découvrir la « structure qui relie » tous les êtres vivant. Il définissait notre sens du beau comme notre sensibilité à cette structure.
N'est-ce pas là une base plus saine pour penser et vivre notre rapport au monde ?